Flashback et mise en garde : des sénatoriales contre et sans le peuple

Au fil du temps, les élections passent. La désignation des têtes de liste, la conception du programme puis la campagne pure et dure (collage, tractages sur les marchés, etc.), toute cette logistique du quotidien qui galvanise et épuise le militant. En mars prochain auront lieu les élections départementales puis les régionales en fin d’année 2015. A Montpellier aussi, les élections passent. Mais pour que vive la démocratie, il serait bien que les pratiques ne restent pas. Analyse.

Comme vous le savez sûrement, ou pas, les élections sénatoriales 2014 se sont déroulées le 28 septembre dernier afin de renouveler la moitié des 348 sièges du Palais du Luxembourg. Avec le Conseil Constitutionnel, le Sénat est l’une des institutions de la 5èmequoi-ressemble-le-senateur-moyen_0 République la plus éloignée ou plutôt éloignante du peuple, c’est dire ! En effet, les sénateurs-trices sont désigné-e-s non pas par le peuple mais par un collège de « grands électeurs », étant eux-mêmes des élus pour la plupart. Il va de soi que cette campagne en petit comité, bien cachée derrière ce qu’il reste de notre République moribonde, ne représente nullement les français. La représentation du sénateur-type de la dernière mandature (visuel) et leur vote sur le non-cumul des mandats  le démontrent parfaitement.

Dans l’Hérault, il était question du renouvellement des 4 sièges par les 2457 grands électeurs que compte le département. En ce qui concerne le Parti de Gauche local, ses militants ont apprit sa participation au scrutin par voie de presse. En plus de prendre part à une élection mettant les citoyens de côté, les dirigeants du parti ont aussi trouvé bon de mettre leur base à l’écart de toute réflexion, information ou décision. Dans certains départements, le PG s’est pourtant montré clair vis-à-vis de ces élections ! Ainsi, lePG 67 qualifie les sénatoriales d' »élections de l’entre-soi« . Ailleurs, cette élection a été le moyen de créer ou de consolider une alliance de la gauche radicale et des écologistes comme c’est le cas dans le Rhône (PG, Gram, EELV, Ensemble) ou pour la liste des français de l’étranger (PG, EELV, Nouvelle Donne).

Il ne fut rien de tout cela dans l’Hérault. René Revol, maire de Grabels, Vice-président de l’Agglomération de Montpellier et à l’époque encore co-secrétaire départemental du parti, a appelé, sans grand entrain, à une alliance avec EELV comme pour faire écho à la ligne nationale du PG ou encore avec le PCF. Cette annonce a bien vite été oubliée car, quelques jour après, EELV et le PCF lançaient chacun leur liste autonome. C’est donc seul, sans les citoyens, sans les militants et sans alliés que le PG 34 est parti tenter sa chance, tel un parti du système, dans cet ersatz démocratique.

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Hélène Mandroux, René Revol et Philippe Saurel lors de l’inauguration de la foire expo 2014 de Montpellier.

Seul ? Et bien c’était sans compter Philippe Saurel, maire divers droite de Montpellier, élu lors des dernières municipales. Mais que fait donc le « fils spirituel de Frêche » et « ami de Valls » dans cette affaire ? A première vue, rien si l’on se remémore les municipales 2014 de Montpellier. Muriel Ressiguier, alors tête de liste PG pour le Front de Gauche (PG, PCF, Ensemble, Affirmation Citoyenne), avait refusé toute fusion avec Saurel, même technique. Et cela pour trois raisons valables : le non respect de la proportionnalité suite au résultat du 1er tour (7.56%) ; le refus de retirer de sa liste l’égérie locale de la Manif pour Tous, ancienne responsable départementale de l’UNI et des Jeunes Populaires 34. Cette dernière est aujourd’hui adjointe à l’Etat civil et aux affaires militaires ; le refus de supprimer de sa liste Gérard Christol, homme de droite.

La grande marche arrière

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Communication de Philippe Saurel concernant la vidéosurveillance aux Antigone des associations 2014

Depuis cette position claire et honnête, de l’eau a coulé sous les ponts de Montpellier. C’est ainsi que René Revol a rejoint l’exécutif de Saurel au sein de l’Agglomération en tant que vice-président et que les sénatoriales arrivant à grands pas il suggéra à Muriel Ressiguier de demander au maire quelques grands électeurs choisis parmi les citoyens. Ce qu’elle rapporta aux partenaires du Front de Gauche dans une lettre : « Afin de garantir la représentation démocratique de toutes les forces politiques et vu que le Front de Gauche a obtenu sur Montpellier 7.56% des suffrages, je vais demander solennellement à Monsieur le Maire de Montpellier, de manière proportionnelle, des places sur la liste des grands électeurs de Montpellier qui seront élus le 20 juin ». Incompréhensible pour Ensemble, aucune réponse du PCF ni d’Affirmation citoyenne. Demande d’autant plus ridicule que la proportionnelle tant réclamée lors des municipales n’est pas non plus respectée pour les grands électeurs.

Il était effectivement  question pour la ville de nommer 293 votants (dans les villes de plus de 30 000 habitants il faut désigner un grand électeur par tranche de 800 habitants). Le calcul est simple, 7.56% des 227 personnes (nombre de grands électeurs remportés par Saurel sur Montpellier) représente 17 individus. Or Saurel n’a donné au PG que dix grands électeurs, dont seulement quatre ont été désignés titulaires, les autres étant suppléant-es. « Parmi ses 227 grands électeurs figurent notamment d’anciens colistiers dont l’avocat de droite Gérard Christol, mais aussi la candidate du Front de gauche Muriel Ressiguier », rapporte La Marseillaise. Ainsi, les grands électeurs du PG côtoient le même Gérard Christol qui était pourtant banni par Ressiguier Muriel, tête de liste aux municipales. Cette fois-ci la clarté et l’honnêteté attendront.

La REVOLution n’est pas pour tout de suite

Comme pour réparer cette injustice numérique ou enfoncer le clou, c’est selon, Philippe Saurel, lors d’une conférence de presse, annonça ceci : « Les grands électeurs m’ont fait part de leur souhait et leur souhait se dirigera sur plusieurs candidats. Il y aura en quelque sorte une certaine répartition, qui sera à l’image de notre liste, citoyenne, divers gauche, écologiste. Celui qui se rapproche le plus de notre ligne politique c’est Christian Bilhac (DVG). Mais Christian Bilhac faudra qu’il se manifeste et qu’il donne son point de vue sur la métropole de Montpellier, parce que jusqu’à ce jour je ne l’ai pas entendu la soutenir et les grands électeurs sont très sensibles à cela. Et selon le cas, ils, voilà ils peuvent changer d’avis. Ensuite vient un divers droite, Jean-Pierre Grand (DVD) qui est lui favorable à la métropole. Ensuite vient un vice-président de l’Agglomération, René Revol, pour le Front de Gauche. Sur lequel un certain nombre de grands électeurs, puisque je vous rappelle que Muriel Ressiguier m’a demandé d’être intégrée avec une série de grands électeurs du Front de Gauche, certains parmi eux le soutiendrons. François Commeinhes pour l’UMP sera également soutenu par un certain nombre d’électeurs qui apprécient beaucoup chez lui sa volonté de créer avec moi le pôle métropolitain. Et enfin Henri Cabanel qui est contre la métropole mais qui est socialiste, c’est notre famille d’origine. Un certain nombre de grand électeurs voteront pour cette liste là. »

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Dossier à propos de la métropole dans le journal municipal de novembre 2014

Derrière les soit disant souhaits des électeurs découle en vérité la volonté de Saurel qui n’hésite pas à faire du chantage. Il est clairement dit dans cette conférence que d’autres grands électeurs de Saurel soutiendront la liste de René Revol. Mais une question se pose, que viennent faire les noms du co-secrétaire départemental et de la porte parole du PG Montpellier de l’époque dans cette énumération ? Là, au milieu d’un gloubi-boulga politique, où ils se mélangent au PS, à l’UMP et consorts. Au milieu, aussi, d’idées qui ne sont pas les nôtres comme au sujet de la métropole ou le pôle métropolitain. N’est pas « fils spirituel de Frêche » qui veut !

Le bilan de Revol ou l’univers parallèle

Lors d’une réunion, René Revol a eu l’occasion d’exposer son bilan des élections sénatoriales. Il a d’abord tenu à se féliciter de son score (3.08%) en le comparant à celui du PCF (4.21%). « Nous sommes juste derrière eux alors qu’ils ont un ancrage local beaucoup plus important que nous », a-t-il clamé. Certains se contentent de peu… Pour expliquer les 71 voix qui ont voté pour sa liste « Liste Citoyenne pour une autre République démocratique, écologique, sociale et laïque », Revol a évoqué les « dizaines d’élus séduits par notre idée de 6ème République » tout en prenant soin de ne dire mots sur les consignes de Saurel le favorisant. Consigne sans laquelle il n’aurait jamaiRevol-Mandats fait ce résultat. Peu après René Revol lâcha : « Vous pensiez vraiment que j’allais gagner ? ». Non, mais alors pourquoi faire de telles annonces à la presse concernant le cumul des mandats ? (voir brève 20 Minutes) Peut-être pour paraître plus « sénatoriable » ? En tout cas cela est en directe opposition avec ce que prône le Parti de Gauche nationalement. D’après lui, le seul but de ces sénatoriales était en fait d’accéder aux mails de tous les élu-e-s du département, pourtant disponibles par d’autres voies, afin de les rassembler autour d’un appel pour la 6ème République. Appel qui, trois mois après le scrutin, est toujours introuvable.

Une pratique qui en appelle d’autres ?

C’est une question qui peut se poser, car les départementales et régionales s’approchant on voit les mêmes méthodes s’opérer. En effet, Philippe Saurel, désireux de présenter des candidats sur les cantons de Montpellier et en manque de personnalités serait en train de « parrainer » un ticket entre Muriel Ressiguier (PG) et Nicolas Dubourg (EELV). Les militants de base des deux partis découvrent à nouveau cet arrangement entres amis par la presse (voir brève Midi Libre).

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De quoi donner tout son sens à un propos de René Revol lors de la dernière Assemblée générale du Parti de Gauche Montpellier (15 octobre 2014) : « Surtout je vous le demande, ne parlez pas des élections départementales. » Fallait-il comprendre que d’autres s’en chargeaient pour nous ? Affaire à suivre…

2 réflexions sur “Flashback et mise en garde : des sénatoriales contre et sans le peuple

  1. grande est ma déception. alors que j’habitais dans l’hérault, j’étais allé au meeting fondateur du pg à l’ile-st-denis avec revol. je n’imaginais pas que cet ami d’oskar lafontaine pût un jour verser dans l’électoralisme et les tractations d’appareil avec un saurel ou un vézinhet.

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  2. « Pour cela il faut bousculer les conformismes,
    les opportunismes, les sectarismes, la résignation » dixit les membres fondateurs du PG au meeting de l’ile st Denis également repris au congrès constituant du Parti de Gauche à Limeil Brévannes / val de marne en présence de Mr Revol. Militante du parti fidèle aux promesses faites je refuse de cautionner des pratiques archaïques clientélismes et tractations dont la base est exclue et appelle de tous mes vœux que chacun prenne ses responsabilités non pas en dénigrant, censurant ou excluant des militants mais de réhabiliter la liberté de parole et d’expression et le devoir de consultation DES MILITANTS. une CRITIQUE juste et justifiée est une CRITIQUE CONSTRUCTIVE! NOUS SOMMES LE PARTI DU PEUPLE et DEVONS LE RESTER

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