Montpellier : face à la Loi Travail, la mobilisation s’accélère !

La manifestation nationale pour le retrait de la Loi Travail du 9 mars a fait descendre 500 000 personnes, dont 100 000 jeunes, dans les rues du pays selon les organisations participantes. Pour autant le gouvernement reste sourd aux revendications et parle dérisoirement de « corrections à établir », pour François Hollande ou de « compromis à trouver », en ce qui concerne Myriam El Khomri. La solution serait-elle donc de négocier le poids de nos chaînes ?

Une-LoiTravail

« Pour lutter contre le chômage, pas besoin de nous mettre en cage ». À Montpellier comme ailleurs l’option de la négociation n’a visiblement pas été retenue et c’est plein de motivation que les opposants au projet passent à la vitesse supérieure. Alors que les journées de mobilisations s’accumulent, que les idées d’actions fleurissent et que les assemblées générales se multiplient, la première manifestation du 9 mars ne parait plus qu’être un simple échauffement. Car si le gouvernement a tout fait pour expliquer aux jeunes qu’ils n’étaient pas concernés par la Loi Travail, le mercredi 9 mars la jeunesse est descendu en nombre dans la rue pour lui prouver le contraire. À vrai dire, l’Elysée avait simplement oublié de parler de leur avenir. C’est donc contraint que Manuel Valls a lancé une concertation formelle avec les organisations de jeunesse opposées à la Loi Travail. Une première pour un gouvernement de « gauche » depuis 1990. Mais cette rencontre n’a visiblement pas porté ses fruits : « Le désaccord de fond reste entier », a déclaré par la suite le syndicat étudiant Unef, avant d’appeler à « amplifier le mouvement de protestation ».

Si le gouvernement s’agite et se contredit sans cesse c’est qu’il sait très bien qu’une mobilisation importante de la jeunesse peut faire tanguer le pouvoir en place. Et pour cause, il y a dix ans le Parti socialiste était dans les rues pendant 3 mois aux côtés des jeunes pour obtenir le retrait du contrat de première embauche (CPE). Ce manifdispositif n’apportant qu’une chose, plus de flexibilité pour les contrats à destination des moins de 26 ans avec possibilité de licencier sans motif. À cette occasion Jean-Marc Ayrault avait même interpellé la majorité à l’Assemblée nationale : « Oubliez votre orgueil, retirez le CPE, faites la paix avec les français ». Le gouvernement UMP de l’époque s’était entêté, sans concertation, à faire passer la mesure en force par le 49.3 avant de devoir capituler devant l’ampleur de la contestation en abandonnant purement et simplement la loi.

Aujourd’hui, avec la Loi Travail, le PS au pouvoir est tout aussi obstiné et forcené que l’UMP de l’époque. Flexibilité, précarité, facilitation des licenciements, augmentation du temps de travail, dérégulation des horaires, travail intense pour les jeunes apprentis, en résumé le PS se fait l’avocat d’une loi directement commandée par le Medef. Une position hypocrite qui n’a pas échappé au journal Marianne qui a concocté une petite vidéo-montage opposant le François Hollande de 2006, contre le CPE, à la Myriam El Khomri de 2016, initiatrice de la Loi Travail. Il y a dix ans à Montpellier les Universités Montpellier 2 et 3 étaient bloquées tandis que le cortège anti-CPE avait rassemblé jusqu’à 35 000 personnes au plus fort de la mobilisation. Qu’en est-il aujourd’hui ?

De Facebook à l’assemblée populaire

Comme l’a déjà présenté Pas de roses sans épines, à Montpellier et dans de nombreuses autres villes, la mobilisation du 9 mars a trouvé sa source sur le net et plus particulièrement sur Facebook sous l’impulsion d’une pétition très virale contre la Loi Travail. Un événement virtuel, quelques clics, et voilà que tout ce petit monde s’était donné rendez-vous en assemblée générale pour organiser la fronde du 9 mars. Le jour J près de 5000 personnes ont foulé l’asphalte montpelliérain (voir la vidéo ici), et c’est avec ou sans drapeaux que cette masse indignée a exigé le retrait immédiat de la Loi Travail. À la fin du parcours, c’est une nouvelle assemblée générale qui a été convoquée : « On fait l’AG et on décide de la suite du mouvement tous ensemble », a scandé au micro un des manifestants.AG

Lors de cette assemblée générale qui a réuni une centaine de personnes, les participants se sont affirmés contre l’état d’urgence, une nécessaire jonction pour ceux qui pensent que le gouvernement met en place des mesures sécuritaires pour mieux rogner sur les acquis sociaux et museler la protestation. Pour faire face à la Loi Travail, l’AG s’est aussi engagée à organiser ou participer à au moins une manifestation par semaine jusqu’au retrait de cette loi. Les citoyens présents ont également souhaité entrer en contact avec les AG d’autres villes et créer une plateforme de communication. L’AG a adopté la tenue d’actions aux sièges montpelliérains du Medef et du PS, ainsi qu’une constante pression sur les neuf députés de l’Hérault autour de cette loi.

Le mouvement étudiant s’organise

Du coté des étudiants la mobilisation est aussi en marche, et pour preuve. À peine le jour de la rentrée a-t-il sonné à l’Université Paul-Valéry que déjà une assemblée générale s’est tenue le 10 mars, en fin de matinée, dans l’amphi A, avec là aussi une centaine d’étudiants et membres du personnel. L’occasion pour certains de découvrir ce type de parlement estudiantin : « On m’avait dit que j’allais trouver des gens mal organisés et entendre des propos utopiques mais c’est tout le contraire que je vois aujourd’hui », s’est ainsi confiée une étudiante en licence. En effet les participants à l’assemblée générale on su être à la hauteur de la contestation qui émerge au niveau national tout en étant force de proposition face aux reculs sociaux avancés par le gouvernement.

etat urgenceL’assemblée générale a donc commencé par s’opposer clairement à la Loi Travail en exigeant le « retrait complet et non négociable de la Loi El Khomri » mais également en se positionnant pour la levée immédiate de l’état d’urgence.  Afin de maintenir la pression il a aussi été décidé d’appeler et de participer à la manifestation nationale pour le retrait de la Loi Travail du 17 mars initiée par un syndicat étudiant et de demander la banalisation des cours pour permettre aux universitaires de s’y rendre. L’AG s’est également déclarée favorable aux 32 heures de travail par semaine et à la retraite à 55 ans. La mise en place de barrages filtrants au sein de l’Université pour tracter et informer les étudiants a été actée tandis que des actions sont prévues à la Faculté des Sciences et dans plusieurs lycées de la ville où « certains discutent d’éventuels blocus », selon un élu lycéen. La prochaine AG a été programmée pour le 15 mars à l’Université Paul-Valéry, amphi A à 10 heures. Enfin l’assemblée générale a décidé, comme dans d’autres universités, d’envoyer un appel à mobilisation aux étudiants et aux établissements voisins.

« Nous, étudiant-e-s de l’université Paul Valéry, réuni.e.s en Assemblée Générale le 10 mars, exigeons, comme l’ont déjà fait des centaines d’étudiant-e-s du Mirail, de Paris 8, de Grenoble, le retrait pur et simple du projet de loi sur le Travail et des mesures immédiates pour lutter contre la précarité. 

Dire, comme le fait la Ministre Mme El Khomri, que ce serait « absurde » que les jeunes se sentent concerné-e-s par cette loi qu’ils n’auraient pas « comprise », c’est prendre les jeunes pour des imbéciles. Nous avons bien compris le projet de loi, et c’est pourquoi nous le refusons. Nous refusons de travailler plus (jusqu’à 46 heures par semaine) pour gagner moins. Nous refusons de nous faire virer encore plus facilement pour grossir les chiffres du chômage qui nous touchent déjà particulièrement.

Ce refus, nous entendons l’exprimer dans la rue et par le nombre. A dix ans de la lutte contre le CPE, c’est bien le spectre d’une mobilisation massive de la jeunesse convergeant avec celle des travailleur.se.s qui hante le gouvernement. C’est ce qui explique le report de la présentation du projet de loi devant le conseil des ministres. Avant même que nous ne soyons descendu.e.s dans la rue, la peur a déjà commencé à changer de camp !

Nous comptons bien donner raison à cette peur, et nous ne nous laisserons pas tromper par les manœuvres du gouvernement. Loin d’attendre assis la présentation d’une nouvelle mouture du projet de loi, c’est le moment de se mobiliser massivement pour imposer son retrait pur et simple. En ce sens, le 9 mars a été une échéance très importante et n’est en même temps qu’un début. »

Pour rejoindre l’événement de l’AG du 12 mars à l’Université Paul-Valéry c’est ici

Pour rejoindre l’événement de la manifestation du 17 mars à Montpellier c’est ici

Pour suivre la mobilisation quotidiennement sur l’Université Paul-Valéry c’est ici 

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