Hiroshima, Nagasaki : Un anniversaire sans gâteau ni petits fours à Montpellier !

Du 6 au 9 août les militants anti-nucléaire ont commémoré à leur manière les 71 ans des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. Un triste anniversaire qui a valu plusieurs mobilisations dans toute la France, de Dijon à Paris en passant par Montpellier. Durant ces 4 jours, point de banquet ou de gueuleton, les plus de 200 000 dépouilles directes attribuées à ces bombes n’ouvrant pas vraiment l’appétit et ne prêtant pas à la fête. Dans ce contexte les militants ont préféré jeûner pour rendre hommage aux victimes et attirer l’attention sur la nécessité du désarmement nucléaire.

 De cérémonie en cérémonie…

Alors que les 5 ans de Fukushima et les 30 ans de Tchernobyl ont marqué l’année 2016, voilà que les militants anti-nucléaire doivent passer des catastrophes du nucléaire civil aux crimes de guerre du nucléaire militaire. Toujours plus de dates à retenir, toujours plus de désastres à commémorer. A l’appel, notamment, du Réseau Sortir du Nucléaire et à l’initiative de plusieurs associations locales dont Arrêt du nucléaire 34 (ADN 34)à Montpellier ce sont 10 personnes qui ont jeûné pendant ces 4 jours au local de La Cimade,IMG_6163 accompagnées de 5 à 10 personnes jeûnant durant « 1 ou 2 journées », précise ADN 34 dans son compte-rendu. Une action forte et symbolique rythmée par la commémoration pour Hiroshima le 6 août et celle pour Nagasaki le 9 août, toutes deux à proximité de la Place de la Comédie. L’occasion aussi de revenir sur le contexte du largage de ces deux bombes, « cet acte révoltant en soi, l’est d’autant plus que l’on sait désormais que le Japon avait décidé dès le mois de mai de mettre fin à la guerre. La capitulation était une question de semaines et les Etats-Unis le savaient », expliquera un militant tout en soulignant que « le prix de cette expérience est un véritable crime contre l’Humanité ».

Toucher le nucléaire au porte-monnaie

Au delà des symboles, les militants anti-nucléaire ont également organisé des actions concrètes de désobéissance civile en s’attaquant à la racine financière des bombes atomiques. Ainsi de nombreux établissements bancaires ont été rappelés, bien malgré eux, à leur financement d’armes de ce type, « parfois même en tant qu’actionnaires des entreprises qui les fabriquent », insiste ADN 34. Au total ce sont 15 banques montpelliéraines qui ont été visitées et dont les vitrines ont été flanquées de pochoirs et autres autocollants pour bien signaler à tous les atomes crochus qui lient la finance au commerce de la mort.IMG_6155 Société Générale, Crédit Agricole, BNP-Paribas, AXA, la liste est encore longue, les militants n’ayant pu redécorer que « celles qui sont présentes à Montpellier », confie ADN 34. Une actions qui s’est déroulée sans problèmes contrairement à celle de Paris, où deux militants ont subit 24 heures de garde à vue « pour l’application de quelques autocollants anti nucléaires et 2 phrases écrites à la craie sur la vitrine » du siège du parti Les Républicains, parti ouvertement favorable au nucléaire. Les militants sont poursuivis pour « dégradation grave en réunion »Pour le Réseau Sortir du Nucléaire il s’agit là d’une réaction disproportionnée qui montre « l’hyper sensibilité du monde politique aux critiques de la société civile face à leur politique et en particulier face au nucléaire, qu’il soit civil ou militaire ». La répression du militantisme va bon train et la lutte sera visiblement encore longue.

A la rencontre des montpelliérains

Au cours de ces quatre jours, les multiples associations en faveur du désarmement ont également tenu un stand sur l’Esplanade, l’occasion de sensibiliser les habitants sur la question de l’abolition des armes nucléaires et des menaces que font peser ces dernières sur la vie toute entière. Une position qui va à contre-courant de l’actuelle surenchère militariste dans un pays en plein état d’urgence et qui se targue d’un boom d’exportation d’armes en tout genre. Une aubaine économique pour le gouvernement, mais quid des conséquences ?IMG_7240 Même à contresens les militants poursuivent leurs efforts pour convaincre la société civile de mettre un terme à cette épée de Damoclès qui trône au dessus de nos têtes. Une obstination qui semble porter ses fruits puisque parmi les jeûneurs montpelliérains se trouvaient « 2 personnes qui n’étaient pas dans nos réseaux dont une qui faisait sa première action militante », se félicite ADN 34. Les organisateurs avaient aussi programmé la projection du film La Bombe de Peter Watkins au cinéma Utopia de Montpellier, histoire de compléter leur large palette militante. Des actions relatées par la presse locale : radios, Midi Libre, La Marseillaise, cependant France 3 a semble-t-il boudé l’événement, « ils nous ignorent depuis plusieurs années », s’étonne ADN 34.

 

Tandis que que la France dispose d’un stock de plus de 300 têtes nucléaires, chacune dix fois plus puissantes que celles ayant touchées le Japon en 1945, la question du désarmement est plus que jamais d’actualité dans notre pays. Dans sa quête de la bombe atomique, la France a effectué plus de 210 essais, contaminants d’immenses zones dans le Sahara algérien ou les atolls de la Polynésie française. Aujourd’hui de nouveaux pays, souvent en conflit, se dotent de l’arme nucléaire comme l’Inde, le Pakistan ou la Corée du Nord, sans ratifier le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et parfois même de manière non officielle à l’instar d’Israël.IMG_8330 Ainsi la vie de millions d’êtres vivants ne dépend plus que d’un simple bouton rouge. Qu’il soit civil ou militaire, le nucléaire reste une technologie particulièrement sale et dangereuse dont on ne sait toujours pas quoi faire des déchets nocifs. D’ailleurs quelques jours après les sinistres anniversaires des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, le grand projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs a débuté à Bure dans la Meuse, une véritable « poubelle nucléaire » pour ses opposants. Dans le monde de la fission, Montpellier n’est pas épargné : ancien site d’exploitation d’uranium à Lodève, usine de la filière du combustible nucléaire à Malvési dans l’Aude, stockage de déchets radioactifs à Bellegarde dans le Gard, la ville parait même encerclée. Le combat ne fait donc que commencer et les associations montpelliéraines se donnent déjà rendez-vous l’année prochaine !

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