Saurel, le baron de province

Quelles sont les racines politiques de Philippe Saurel, le maire divers droite et président de la métropole de Montpellier ? L’envie de pouvoir avons-nous envie de répondre. Quelle est sa vision politique ? La mainmise sur le pouvoir local analysons-nous de ses actions politiques. À regarder de plus près son parcours, on comprend que ce ne sont pas les idéaux des Lumières qui l’animent. Bien au contraire, au moment de la fusion des régions, Saurel apparaît tel qu’il semble avoir toujours été : un baron de province aux valeurs bien conservatrices.

Quand on s’intéresse au parcours de Philippe Saurel, on comprend que le dentiste n’a pas limé ses dents longues qui rayent le parquet du marigot montpelliérain depuis une vingtaine d’années. Il aime le pouvoir au point d’apparaître pour un Gargantua des mandats qui compte bien conserver son pré carré. Évoluant dans l’ombre du maître Frêche, il se sent aujourd’hui pousser des ailes et tente de reproduire le modèle du Petit Père du peuple septimanien. Malheureusement pour lui, il n’est qu’un folklorique baron de Caravètes, cette baronnie qui prône l’entre-soi à l’opposé de l’ouverture d’esprit républicaine.

Saurel des origines : PS ou RPR ?

Et si Philippe Saurel avait tiré son engagement politique à la courte-paille ? C’est ce qui semble s’être passé à peu de chose prêt comme le rappelle Montpellier journal : « « Au début des années 90 », Philippe Saurel « était venu à la permanence du RPR de l’époque, à Montpellier, pour dire qu’il était prêt à s’engager. ».«   Stephan Rossignol, maire UMP de La Grande-Motte, rapporte l’épisode (Midi Libre – 10/04/15). Ce que confirme en ces termes l’intéressé à Midi Libre :  » Je suis allé à ce rendez-vous mais ce n’est pas moi qui suis allé taper à la porte. C’est le RPR qui m’a contacté. Ils cherchaient un jeune d’une profession libérale pour être tête de liste dans un village proche de Montpellier. J’ai posé deux ou trois questions simples et les réponses ne m’ont pas convaincu. J’ai été séduit par la politique de Frêche. » « Philippe Saurel a hésité entre le RPR et le PS », conclut Montpellier journal. Effectivement, ce ne sont pas les idées de Jaurès qui ont alors primé pour lui mais seulement « deux ou trois questions simples ». De quelle nature ? On ne le saura pas mais certainement pas d’ordre idéologique.

Baron à réaction

Effectivement, pour le côté idéologique de Saurel, il faut laisser tomber les grands penseurs humanistes. L’homme a aussi été président d’une association dont le néo-montpelliérain lambda trouvera qu’elle a un étrange objet. Il s’agit de Saurel-BaronCaravètesl’Association les Barons de Caravètes (garrigue languedocienne en occitan), apprend-on de la biographie officielle du maire. « Les Barons de Caravètes et les Amis de la Baronnie constituent aujourd’hui la seule tradition typiquement montpelliéraine », explique la mairie sur son propre site Internet. La prose poursuit ainsi : « En effet, les Consuls de Ville portèrent le costume et le titre depuis 1273, date à laquelle ils avaient acquis de Bernard de Caravètes le domaine et le château situés sur la commune de Murles, en bordure du bois de Valène à cinq lieues de Montpellier, et ce jusqu’à la révolution française. »

La présentation officielle fait l’impasse sur la vision qu’ont les « Barons » de la Révolution française. Rien d’étonnant ! L’idéal révolutionnaire prônant les droits de l’homme universels n’est pas trop en phase avec l’idée réactionnaire des Barons : « Pour être Baron de Caravètes, il faut être né à Montpellier d’un parent né à Montpellier. Si ces conditions ne sont pas remplies vous pouvez être Ami(e) de la Baronnie », expliquent-ils sur leur site Internet. En clair il faut être IMG_6138« montpelliérain de souche » comme le dit le maire. Et il y a peu encore, les femmes ne pouvaient pas prétendre au titre. Si vous êtes recalés à l’entrée parce que votre sang est impur, soyez le bouffon de cette élite pour devenir « Ambassadeur de la ville et de ses traditions. » Si vous aimez la « chasse-pêche-nature », les traditions du XIIIème siècle ne seront qu’une simple formalité.

Les Barons de Caravètes sont donc une entreprise familiale où les Saurel ont toute leur place. Ainsi, Pierre-Laurent, papa du Baron-Maire, est président du Consulat des Barons. Cet homme « catholique, gaulliste et progressiste » (Le Point – 03/04/14) a su transmettre ses valeurs et ses racines à son fiston. Un poil réactionnaire, les Barons de l’Ancien-Régime s’accommodent pourtant parfaitement bien de la mairie – un acquis de la Révolution ! – en acceptant sans problème les deniers publics.

Les deniers des Barons

Si les Barons se la jouent petit cercle fermé accoutrés de leurs costumes que certains qualifieront de ridicules, ils jouissent de l’argent et de locaux municipaux. Élément excentrique, sur les critères d’âge d’action de l’association de la Baronnie de Caravètes qui évoluent par tranche d’âge de 0 à 2 ans jusqu’à plus de 64 ans, le champ d’action des Barons concernerait toutes les tranches. À regarder de près les photos sur leur site Internet, il apparaît que la moyenne d’âge tourne plutôt à plus de 64 ans.

IMG_6129Tandis que Philippe Saurel n’était encore qu’adjoint à la ville, les Barons ont touché 2 000€ de subvention en 2012, 2013 et 2014. Avec une rallonge de 3 000€ pour 2014 en raison du 20ème anniversaire de la baronnie. S’ajoute à cela la location à prix très modique des locaux à la Tour des Pins qui se trouve boulevard Henri IV en face du Jardin des Plantes. La vue doit être imprenable sur leur empire.

En 2015, Philippe Saurel, désormais super-maire de Montpellier, à la tête du Conseil municipal accorde les subventions aux associations. Et il donne 2 000€ de subventions à l’association de la Baronnie de Caravètes dont il était président jusqu’à la prise de ses nouvelles fonctions (Conseil municipal du 19 février 2015). La mise à disposition de la Tour des Pins dont la valeur locative annuelle est de 5 148€ est laissé à un loyer minoré de 35€, soit une subvention en nature de 5 113€. Le Baron de Montpellier est désormais consul d’honneur des Barons de Caravètes car « le maire devient automatiquement consul d’honneur de la confrérie », explique VousSavezTout. « Puisque l’association touche une subvention de la ville et de l’agglo, je ne peux plus rester président sinon je serai en gestion de fait avec l’argent municipal et de l’agglomération et comme c’est moi qui attribue les subventions, si je reste président cela veut dire que je me les attribue à moi-même, donc je suis justiciable, on n’a pas le droit de faire ça en droit », s’expliquait le Baron. Pourtant quand il était adjoint à la mairie, où il votait aussi les subventions, cela ne le gênait pas d’être premier consul de la baronnie.

Montpellier, nouvelle province

Ces association d’un autre âge fait pourtant écho à l’actualité territoriale. Ainsi, l’acte III de la décentralisation qui institue la métropole et fusionne les régions est un véritable retour en arrière qui ne doit pas déplaire à nos énigmatiques barons. Alors que la métropole de Montpellier se mettait en place, Saurel écrivait dans un communiqué : « Il sera temps ensuite de tisser patiemment le pôle métropolitain et de créer un réseau solide de travail entre les IMG_6135intercommunalités  qui, naturellement, dessineront le contour de la future région, celle de l’ancien Comté de Toulouse ». À l’aune de la baronnie, on comprend désormais mieux ces propos où les antagonismes d’hier vont refaire surface.

Et, ça n’a pas tardé ! Le pataquès autour de la future capitale régionale où Saurel a voulu montré ses petits bras musclés alors que tout était joué d’avance. Toulouse sera la place forte de la nouvelle région reléguant Montpellier a une bourgade de la Ville rose. Au-delà du titre, ce sont les transferts vers Toulouse qui vont finir de vider Montpellier. Ainsi, « tous les préfigurateurs de la fusion des services de l’État entre les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon seront toulousains », écrit la Lettre M. « Les préfets préfigurateurs « engageront très rapidement la concertation prévue par la loi du 16 janvier 2015 avec les collectivités territoriales sur le choix des futurs chefs-lieux de province » ». Montpellier chef-lieu de province ? De quoi plaire aux Barons conservateurs !

 

Ces derniers temps, Saurel ne se gargarise plus d’être l’ami intime du premier ministre Manuel Valls. S’il a un dernier levier à tirer, ça aurait été de ce côté-là. Mais, au contraire, il accompagne paisiblement la refonte territoriale en jouant la vierge effarouchée. L’important dans l’affaire n’est pas que Montpellier devienne une ville phare du sud mais que le baron Saurel ait l’emprise nécessaire sur ses terres pour conserver sa baronnie. Et ce, pour le plus grand bonheur des Caravètes !

 

Crédits : les photos de Saurel en baron de Caravètes sont empruntées au site Internet de la baronnie.

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